Mickaël Lecuit : « une décision difficile »
Publié par Justine Geisler le vendredi 24 juillet 2020 à 17:18
Organisateur de la Rookie’s Cup aux côtés du MC Pays des Olonnes, Mickaël Lecuit a pris la difficile décision d’annuler l’édition 2020 prévue du 4 au 9 août. Il nous explique les raisons.
Mickaël Lecuit : Tout est parti du cluster de l’abattoir de Laval situé à environ 200 kilomètres des Sables d’Olonnes et dont se sont emparés les médias. Il faut ajouter à cela la décision annoncée par le 1er Ministre de rendre obligatoire le masque dans les endroits clos et certains lieux publics. A partir de là, la préfecture et la municipalité qui ont toujours été favorables au maintien de la Rookie’s Cup ont commencé à durcir le protocole sanitaire déjà mis en place par la FFM. La préfecture nous a également prévenu qu’elle pouvait très bien nous retirer l’autorisation d’organiser à tout moment, même la veille s’il le fallait. Ça commençait à faire beaucoup de choses sans compter la responsabilité du président du club si un cas avéré de Covid-19 été détecté sur l’événement. Au final, il y avait trop de raisons qui nous poussaient à annuler plutôt que de maintenir. Ce fut une décision difficile à prendre surtout après une année de préparation.
Faire venir les pilotes pour rien était-il le plus grand risque ?
C’était un des risques effectivement comme ce fut le cas à l’Elite à Castelnau en début de saison. Or, si ce n’est pas réjouissant pour les pilotes de faire le déplacement pour rien, ça ne réjouit surtout pas l’organisateur. A la veille de l’événement, tous les frais sont déjà engagés qu’il s’agisse du traiteur, de la location des chapiteaux, des secouristes, des vigiles, de l’achat des récompenses, des différents supports de communication… Tout est pour ta pomme et tu n’as plus aucune rentrée d’argent puisque tu te dois de rembourser les pilotes. C’est alors une catastrophe pour le club.
Annuler la veille est un désastre. Qu’en est-il pour une annulation à J-15 ?
A J-15, on minimise les frais même si on a déjà engagé certaines dépenses qu’on ne peut pas se faire rembourser comme la réalisation des t-shirts pour les bénévoles ou certains supports de com’. Ça reste moins grave que si on avait poussé jusqu’à la veille de l’événement.
Annuler chaque réservation, chaque poste de dépense représente une masse de travail peu réjouissante. Est-ce que les entreprises, les sociétés auxquelles vous aviez fait appel se montrent compréhensives au regard de la situation ?
Notre avantage, durant cette période difficile, c’est que tout le monde est confronté au problème et les gens sont effectivement très compréhensifs. D’ailleurs, si on devait voir une touche de positif dans toute cette histoire, c’est cette solidarité qui se dégage. Notre message d’annulation sur les réseaux sociaux nous a permis de voir que les pilotes et parents des pilotes comprenaient très bien la situation. Nous avons également quelques-uns de nos partenaires comme Ideal Connect qui restent engagés auprès de nous malgré l’annulation de l’épreuve. L’enveloppe financière qu’ils nous offrent était destinée à l’achat des t-shirts des bénévoles et il nous la laisse alors qu’ils n’auront aucune visibilité cette année. Je tiens à les citer et les remercier car ils nous enlèvent une belle épine du pied. Rider Unik nous propose également de vendre les casquettes qu’ils avaient prévu pour l’événement et nous reverser une partie de cette vente. Ce geste nous permettra d’absorber certains frais et même si on arrivera sans doute pas à tout équilibrer, la perte pour nous sera réduite. Toute cette solidarité, on ne la ressentait pas forcément avant le Covid. Il n’y a plus qu’à espérer que les choses perdurent.
Lorsque la pandémie s’est déclarée et notamment pendant la période de confinement, imaginais-tu que les choses perdureraient jusqu’à août et la Rookie’s Cup ?
Oui et non… Les annonces du gouvernement étaient changeantes. Lorsqu’ils ont autorisés les rassemblements jusqu’à 5000 personnes à compter du 1er août, on s’est réjouit tout en restant méfiants. Comment se persuader qu’à 4 jours près, les organisations programmées avant le 31 juillet étaient annulées et celles programmées à partir du 1er août étaient maintenues ? Dans les faits, on y croyait mais sur le terrain, on savait depuis le départ que ce ne serait pas évident. Pour faire un parallèle avec les établissements scolaires, il y avait une sacré différences entre les annonces faites par le gouvernement et la réalité sur le terrain. J’ai de la famille dans l’Education Nationale. Je peux te dire qu’ils avançaient à vue et ne savaient pas comment s’organiser de manière précise. Les directives n’arrivaient que tardivement. Pour nous, c’est la même chose. On a des annonces faites par le gouvernement mais aucun document précis sur lequel s’appuyer mis à part le protocole FFM qui est arrivé pour nous un peu tardivement. Mis à part ça, on a aucune liste précise destinée aux organisateurs. Tu es perpétuellement dans le flou. Tu avances en t’appuyant sur ton expérience des années passées mais tout ce que tu dois mettre en place lié à la crise sanitaire, tu dois presque le deviner. Or, tu risques d’être soumis à des contrôles sans avoir une liste précise de ce que tu es censé respecter et faire respecter. Autre exemple, on a su tardivement que les masques seraient obligatoires chez nous. Prévoir 5000 masques potentiels pour les gens non équipés, c’est lourd… Il te faut également un référent Covid-19 sur ton événement dédié à faire la police toute la journée. Ça aussi c’est compliqué.
Tu l’as dit, les pilotes, parents de pilotes semblent tous très compréhensifs pour cette annulation. Penses-tu pour autant qu’ils soient conscients des enjeux énormes que représente une organisation en ces temps difficiles ?
Je crois qu’ils savent pertinemment que rien n’est simple. Mais entre s’imaginer volontiers des choses et la réalité, il y a une nuance. Tant que tu n’es pas impliqué au cœur d’une organisation, c’est difficile de vraiment se rendre compte de la charge de boulot. On parle de bénévoles qui font les choses en plus de leur travail. Or, c’est un job à plein temps ! C’est plus que difficile. C’est comme si chacun effectuait sa journée de travail et une fois rentré chez lui, se préparait à une seconde journée de travail. Bien sur, la Rookie’s Cup, ça dure tout une semaine donc c’est plus de contraintes qu’une organisation sur un week-end. C’est aussi la raison pour laquelle on ne peut pas comparer l’annulation de la Rookie’s et le maintien des épreuves de l’Elite. Il n’y a pas autant de pilotes, pas autant d’accompagnateurs sans compter que chacun prend ses responsabilités face à un curseur de risques différents d’une épreuve à l’autre. Il faut se rendre à l’évidence, les risques pris par le président de notre club étaient trop grands notamment en cas de cluster identifié le jour de l’épreuve. Et je parle aussi de risques juridiques si une personne contaminée chez nous devait décéder du Covid. Notre président de club a 67 ans. Après avoir travaillé toute sa vie et s’être beaucoup investi d’un point de vue associatif, il n’était pas question de le mettre en difficulté.
Les préfectures ne prennent pas toutes les mêmes décisions et les risques sanitaires ne sont pas tous les mêmes non plus d’un département à l’autre…
Effectivement. Chaque préfet prend un risque lorsqu’il délivre une autorisation et chacun le fait à des degrés différents avec des éléments à prendre en compte différents eux aussi. Les gens ont parfois tendance à parler négativement des préfectures ou des municipalités. Ce n’est personnellement pas notre cas. Les Sables d’Olonne nous ont toujours soutenu. Ils sont présents à nos côtés tout en nous mettant face à nos responsabilités. La préfecture a toujours communiqué avec nous elle aussi. Ils nous ont tous fait part des risques et nous avons ensuite pris nous-même les décisions.
Et la FFM, vous a-t-elle soutenu elle aussi ?
Je ne les ai pas tous les jours au téléphone mais j’ai pu échanger avec Sébastien Poirier, directeur général de la FFM. Lui comme le reste du staff fédéral sont bien évidemment très favorables à ce qu’il y ait des événements en France que ce soit pour la pratique du sport en règle générale mais aussi pour l’économie de notre discipline. Pour autant, ils comprennent aussi très bien que les responsables de club jettent l’éponge. Encore une fois, c’est une question de responsabilité. Ils ont compris la décision prise par le club d’Ernée concernant le MXDN. Ils comprennent la nôtre. A l’inverse, si tu veux aller au bout des choses, ils te suivent bien évidemment et t’accompagnent comme ils doivent le faire en tant que fédération. Ils n’influencent pas et respectent les décisions de chacun.
Concernant l’édition 2020, vous faites le choix de maintenir les stages de pilotage, notamment celui organisé avec Serge Guidetty. Comment les pilotes peuvent-ils s’inscrire ? Est-ce réservé aux pilotes initialement engagé aux courses de la Rookie’s ?
On maintient effectivement les stages pour récupérer un peu d’argent mais également d’un point de vue symbolique, pour qu’il y ait malgré tout quelque chose d’organisé en 2020. Les quelques pilotes qui avaient réservé leurs vacances sur la côte Atlantique peuvent ainsi rouler. Et puis, pour les moniteurs comme Serge, c’est aussi une manière économiquement de s’y retrouver un peu. On a fait le tour de tous les pilotes initialement inscrits et majoritairement, ils maintiennent tous leur participation à l’exception de certains venus de loin. On a malgré tout des suisses et même des martiniquais qui seront là. Comme on a des annulations, on a quelques places qui se sont libérées. Du fait, les pilotes intéressés ne doivent pas hésiter à s’inscrire via Engagé Sport depuis le site officiel de la Rookie’s Cup. Ils peuvent aussi nous contacter par mail à l’adresse contact@rookiescup.com. On ne fera pas de stage s’ils ne sont pas complets. J’invite donc tout le monde à se manifester très vite.
Est-ce que l’annulation de cette édition 2020 remet en cause la suite de l’aventure ou est-ce qu’il y aura bien une Rookie’s Cup 2021 ?
Cette annulation ne remet pas en cause la suite justement parce qu’on s’est arrêté à temps. On ne subit pas de dégâts financiers trop importants. Même s’il y a des pertes, le club va pouvoir se relever et repartir notamment grâce à l’aide de ses partenaires. Il y a un engouement important autour de cet événement. C’est une chance et on en est conscients. On sait que les pilotes seront présents en 2021. Du coup, on repart confiants .On mettra autant d’énergie si ce n’est plus à faire des éditions futures une réussite. On repart la tête dans le guidon, soyez en sûrs.
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grandcoq
25 juillet 2020 à 07:47
Une sage décision. Sanitaire tout d’abord, économique et également en terme de responsabilité.
Rdv en 2021 pour 2 fois plus de plaisir.
Guidouch89
25 juillet 2020 à 13:10
pas facile ,mais sage décision tu as raison en espérant qu’en 2021 toute cette saloperie soit plus qu’un mauvais souvenir ,mais c’est pas gagné.
sunier112
25 juillet 2020 à 16:59
Mais qui connait le CUI sans T???