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Le casque réinventé par Bob Webber…

Publié par La Rédaction le mercredi 29 avril 2020 à 10:00

Depuis sa création en 2011, l’entreprise américaine 6D a bouleversé le marché des casques. Pourquoi et comment ? La rencontre avec Bob Webber, le fondateur, amène des réponses. 

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Originaire de l’état de New England au nord ouest du pays, Bob Webber a été pilote de cross professionnel pendant douze ans. Il devient ensuite chef d’atelier d’une des plus grosses concessions Honda avant de déménager en Californie en 1990. Il accepte le poste de chef des ventes chez White Brothers où il vend des pots d’échappement pendant quatre ans. Il reste dans le milieu de la moto et débute une carrière dans le groupe de presse Petersen (racheté par EMAP plus tard) où il s’occupe de la publicité et du marketing de magazines de voitures et de motos essentiellement. Bob aime bien changer. Il revient chez White Brothers pour un an à peine avant de rejoindre Troy Lee Designs où il reste pendant neuf ans au poste de bras droit de Troy Lee. Il fait décoller la marque avec le succès que l’on connait. En 2011, les deux hommes ne s’entendent plus sur la direction à prendre pour l’avenir de l’entreprise. Bob est forcé de passer à autre chose. « C’était une période très difficile de ma vie, avoue Bob. J’avais investi beaucoup de temps et d’effort mais cela devenait trop difficile de s’entendre avec Troy. On m’a demandé de partir. Cela m’a fait mal mais il était temps de penser à mon avenir. » Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Bob décide de se lancer dans la création d’une marque de casque. « De part mon expérience, je savais que les casques n’étaient pas censés faire ce qu’on leur demandait, dit-il. Je voulais résoudre ce problème. J’ai donc imaginé un concept de deux coques à l’intérieur d’un casque avec un système de suspension. J’en ai parlé à un ami ingénieur. On a travaillé d’arrache-pied pendant deux ans sur le projet. On a construit des prototypes à la main dans mon garage. Je travaillais 12 heures par jour. La première fois que l’on a testé notre casque dans un laboratoire on a constaté que les résultats étaient bien meilleurs qu’un casque traditionnel. On était sur la bonne voie. On s’est alors mis à rechercher des investisseurs pour lancer l’entreprise. La marque 6D était née. »

Compétition
Plusieurs marques de casques existent depuis de nombreuses années et leur réputation n’est plus à faire. Le marché est saturé. Débarquer avec une idée, aussi révolutionnaire soit-elle, n’est pas une chose aisée. Pourquoi les casques 6D sont-ils plus efficaces que les autres ? Bob Webber est intarissable sur la question. Il explique : « Quand la tête rebondit après un impact, l’accélération angulaire peut faire tourner le cerveau dans la boîte crânienne, déchirant des vaisseaux sanguins et neurones à l’intérieur de la matière cervicale. C’est sans doute ce qu’il est arrivé à Michael Schumacher. Dans la vie il n’existe pas d’impacts verticaux et les casques sur le marché ne sont pourtant efficaces qu’avec ce genre de chocs. Chez 6D nous proposons une protection plus générale. » Tout n’a pas été tout rose avant de mettre les casques 6D sur le marché. Pendant deux ans, Bob se bat pour trouver la bonne combinaison. Dans son garage, il travaille sans compter les heures. Son esprit ne s’arrête jamais. Il fabrique les petits « coussinets » en caoutchouc qui amortissent les chocs un par un. Sur les coques intérieures il en installe d’abord 40 avant d’arriver au chiffre de 27. Pas moins de quatre générations sont nécessaires avant de trouver le bon matériau, la bonne taille, le design parfait. Bob ne voit pas beaucoup ses enfants, il délaisse sa femme. Sa vie de famille en souffre. « Je suis passé par des moments terribles, dit Bob, la voix tremblante. J’étais totalement obnubilé par mon projet. Mes finances se réduisaient à vue d’œil. Toutes mes économies y sont passées mais je savais que je devais aller au bout pour présenter un prototype qui tient la route et intéresser un investisseur. » Bob retient ses larmes, l’émotion est grande. « Je suis allé au bout de mon rêve. La marque 6D pouvait voir le jour. »

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Bob Weber a peut être inventé un casque révolutionnaire qui protège mieux que les autres mais encore faut-il l’expliquer avec des mots de tous les jours au commun des mortels. C’est un challenge de tous les instants pour un produit qui a pour objectif tout simple de protéger la tête de celui qui le porte. La 1ère chose est de comprendre qu’une chute n’intervient jamais à 90°. Elle se fait toujours à un angle. La solution apportée par 6D est de séparer l’intérieur du casque avec l’extérieur en installant entre deux coques pas moins de 27 « coussinets » en caoutchouc qui réduisent le choc avec le cerveau. L’impact est alors réduit comparé aux casques traditionnels qui n’offrent pas de « suspensions ». Le choc touche directement le crâne du pilote et son cerveau. « Eduquer les pilotes est un travail de tous les instants, avoue Bob. Nous allons sur les courses et nous n’hésitons pas à passer du temps avec les gens pour leur faire comprendre notre technologie. Ce n’est pas facile mais c’est en passant par là que nous pouvons convaincre du sérieux de notre produit. Nous n’hésitons pas à passer en boucle des vidéos pour que les consommateurs réalisent à quoi ils s’attendent avec 6D. » L’accueil des casques 6D n’a pas été des plus faciles lors du lancement sur le territoire américain en novembre 2012. L’équipe de Bob s’est heurtée à plusieurs difficultés. « Il a d’abord fallu s’imposer comme marque. Personne n’avait jamais entendu parler de nous. Le nom 6D vient de la technologie de notre produit qui offre 6° de liberté de bouger dans toutes les directions. Comme le nom « 6 degrés » était déposés dans tous les domaines inimaginables on a tranché pour 6D tout simplement. »

Challenge
L’autre difficulté vient du design très différent d’un casque traditionnel avec des formes très « tranchées ». Lorsque les premiers casques sont donnés aux pilotes de l’équipe Honda Geico et que les photos sont diffusées sur la toile les critiques ne se font pas attendre : « les casques sont horribles, les graphiques sont moches, la visière ne ressemble à rien, la mentonnière est trop grosse, etc. » Pour Bob, le retour à la réalité fait mal mais cela ne change pas sa détermination. La dernière difficulté rencontrée par les casques 6D n’est pas des moindres : son prix. Vendu 699€ en Europe à ses débuts via sa filiale allemande, le consommateur regarde à deux fois avant de faire son choix. « Nous avons investi énormément d’argent dans la recherche et le développement, explique Bob. Nous proposons une technologie totalement nouvelle qui permet de protéger sa tête au mieux. Tous les jours, nous recevons des courriers de pilote de cross qui ont évité des pertes de connaissance grâce à nos produits. La protection n’a pas de prix. » D’un autre côté, les professionnels y croient. « Stefan Everts a choisi de rouler avec un 6D parce qu’il voulait que son fils, Liam, en porte un aussi. Il est persuadé que c’est le meilleur casque pour le protéger. Nous comprenons que le prix peut être un souci mais quel est le prix d’un cerveau humain ? Sa protection est inestimable. » Après son lancement réussi aux Etats-Unis où l’on voit des casques 6D de plus en plus sur les terrains de cross, les prix ont beaucoup baissé. Les modèles ATR-1 et ATR-2 sont maintenant disponibles à partir de 425€ en France. Ce qui permet alors d’atteindre un public plus vaste au grand bonheur de Bob. « Si je peux protéger le plus de pilotes possibles, ce n’est que du bonheur… »

Par Stéphan Legrand

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