« Que sont-ils devenus ? » : Stéphane Roncada

Dirt D

31 janvier 2020 à 22:33

Ronron est un mec formidable, en + d’être un vrai talent sur la moto !
Je me revois avec Eric Péronnard dans le camion d’Honda of Troy un jour d’horrible chaleur poisseuse à Southwick, en train de convaincre Eric Kehoe, Johnny O’ et le boss Phil Alderton que prendre ce Frenchie qui n’avait pas encore percé en GP (un peu à la Brian Moreau) était une bonne idée. Stéphane avait bien aidé en faisant un bon GP (Angleterre je crois) quelques heures plus tôt. Pas d’internet à l’époque donc ils pouvaient pas se rendre compte comme aujourd’hui mais les Français avaient la capacité de sortir des phénomènes (JMB-Pichon-DV) ayant une aisance en SX leur permettant d’être d’entrée dans le coup aux US.
En un tournemain on a organisé un test et je suis allé chercher Stéphane à LAX pour l’amener à Castaic où ce test fut jugé concluant.
De là on a été dans un Marie Callender’s quelconque où Stéphane a signé avec Kehoe son premier contrat US (après que je le lui ai traduit).
Le team insistait pour qu’il vienne de lui-même, donc sans ses parents (il est venu finalement la première année avec un pote en guise de « man-friend »), ils craignaient le choc culturel constaté avec Mika.
Je me souviens de l’émotion partagée avec Johnny lorsque Stéphane a roulé l’enfer à Phoenix après une ouverture « so-so » (mal au bras -déjà?!- il me semble) qui avait pu donner le doute.
Mais non, le légendaire Johnny O’ avait raison de croire dur comme fer en Ronron et on était tellement embringués dans cette aventure que c’était pour nous une confirmation en même temps qu’un gros soulagement !
S’en est suivie l’époque dorée des Frenchies vivant leur rêve américain (Ronron-Mika/DV/Tortell’)…
Et voilà qu’un jour, en plein rêve américain tournant court moi-même, j’apprends que Stéphane a fait la tentative dont il nous parle (avec sa franchise renversante) et… j’arrive pas à y croire.
Aujourd’hui on comprend qu’il était un malheureux précurseur de ce syndrome dévastateur qui a fait reculer l’espérance de vie aux USA depuis : la dépendance aux opioïdes.
Ce jour-là je me disais juste (et je sais qu’Eric idem) que si on n’avait pas été si convaincants à Southwick, Ronron n’aurait peut-être pas connu certes la gloire et la bonne fortune qui furent les siennes mais qu’il ne serait probablement pas non plus au fond du trou après avoir failli y laisser la peau.
Ca remue, forcément.
Mais Ronron n’est pas un talent qu’à moto et c’est avec joie et soulagement profonds que j’ai pu suivre sa résurrection progressive à travers son parcours dans le jeu vidéo.
Le Ronron de ce témoignage est le même personnage qu’avant et ça fait sacrément plaisir.
Au-delà des inévitables tourments liés à son passé, toujours ce vrai bon fond et toujours ce rire dévastateur !
Cette personnalité l’a mis à l’abris du « french bashing » et lui a permis de trouver sa place dans la société américaine.
Peu importe où l’avenir le mènera, du moment que Ronron puisse être heureux, c’est ce que je lui souhaite de tout coeur, il le mérite !